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DEVENIR VERTE 🌱
La Banque centrale européenne devrait soutenir la transition écologique.
📌 Résumé
- La crise climatique est le plus grand défi de notre époque. Or, on entend souvent parler du rôle négatif que joue le système financier dans la détérioration de la situation climatique, et la Banque centrale européenne (BCE) ne fait pas exception.
- Bien que l’UE ait adopté une politique de transition écologique ambitieuse, connue sous le nom de « Pacte vert pour l’Europe », la BCE continue de financer des industries à forte intensité de carbone à travers ses programmes d’assouplissement quantitatif, tels que le Programme d’achat de titres du secteur des entreprises (CSPP).
- Cela s’explique notamment par le fait que la BCE applique le principe de la neutralité de marché, en vertu duquel elle ne favorise pas un secteur par rapport à un autre dans le cadre de ses politiques.
- L’approche de la BCE a été critiquée pour plusieurs raisons. Premièrement, elle suppose que la BCE continue de financer des entreprises dont l’empreinte carbone est élevée. Deuxièmement, elle perpétue la "défaillance du marché" que constitue la mauvaise évaluation des risques climatiques, qui entraînera des pertes financières pour divers secteurs et entreprises. Troisièmement, l'approche de la BCE n'est pas conforme aux ambitions climatiques de l'UE et va même à leur encontre.
- À l'avenir, le débat devrait s'orienter de plus en plus vers des questions pratiques sur la manière de rendre la politique monétaire plus écologique.
- Le débat sur le rôle de la BCE dans la lutte contre le changement climatique porte sur plusieurs aspects. Certains affirment que la BCE devrait prendre en compte les questions climatiques dans ses politiques d’assouplissement quantitatif, tandis que d’autres soutiennent que la BCE va déjà bien au-delà de son mandat en ayant recours à ce type de politiques.
[Mise à jour suite à l'annonce des conclusions de la revue stratégique en juillet 2021: ]
- La BCE, dans le cadre de son programme CSPP, achète les obligations des entreprises à forte intensité de carbone. En effet, elle achète proportionnellement plus d'obligations de ces entreprises que d'entreprises à faible intensité de carbone. Ainsi, la BCE contribue à l'augmentation des émissions de CO2.
- La BCE l'a reconnu dans sa nouvelle stratégie et s'engage désormais à agir contre ce phénomène. La feuille de route sur le climat nouvellement adoptée est considérée par beaucoup comme un pas en avant substantiel.
- Cependant, les organisations de la sociĂ©tĂ© civile ont critiquĂ© le fait que les mesures prĂ©vues par la BCE en matière de changement climatique sont trop vagues, trop limitĂ©es et trop tardives.Â
- À l'avenir, le débat devrait s'orienter de plus en plus vers des questions pratiques sur la manière de rendre la politique monétaire plus écologique.
🗫 Lançons le débat!
Il est largement admis que la BCE, comme toutes les autres institutions publiques de l'UE, est liĂ©e par l'accord de Paris et doit donc jouer son rĂ´le pour Ă©viter la crise climatique et environnementale. Mais quelle doit ĂŞtre l'ampleur du rĂ´le de la BCE ? Doit-elle se contenter de rĂ©clamer plus de transparence en ce qui concerne les consĂ©quences du changement climatique sur les marchĂ©s financiers ? Ou devrait-elle ĂŞtre plus ambitieuse, en mesurant et en rĂ©duisant l'empreinte carbone de ses achats d'actifs privĂ©s et de ses opĂ©rations de refinancement, ainsi qu'en soutenant de manière proactive les politiques Ă©conomiques vertes de l'Union europĂ©enne ?Â
Qu’en pensez-vous?
đź’ˇ Propositions
Approfondissez le débat et découvrez nos propositions politiques spécifiques à cette approche. Vous pouvez également ajouter vos propres propositions au débat !
Proposition #2: Diminuer ou abandonner les mesures d’assouplissement quantitatifÂ
Proposition #3: La BCE devrait davantage orienter ses programmes d’assouplissement quantitatif vers des projets Ă©cologiquesÂ
Proposition #4: Promouvoir l’octroi de prĂŞts Ă©quitables et durables par les banquesÂ
Proposition #5: Soutenir les investissements Ă©cologiques des banques publiques grâce Ă l’assouplissement quantitatifÂ
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📖Plus d’informations
(Temps de lecture : 5 min)
Ces dernières années, le sujet de la politique monétaire verte a fait son apparition dans les agendas des banques centrales et de la société civile. Il repose sur le problème suivant : en suivant aveuglément la composition du marché financier dans ses opérations de politique monétaire, la BCE achète et privilégie les entreprises à forte intensité de carbone. Par exemple, 60 % des obligations d'entreprises achetées par la BCE ont été émises par des entreprises très polluantes. Cette situation aggrave le changement climatique et est en contradiction avec l'obligation légale de la BCE de soutenir les politiques économiques générales de l'UE, qui sont clairement orientées vers la neutralité carbone d'ici 2050. Elle est également en contradiction avec l'objectif principal de la BCE, qui est de maintenir la stabilité des prix, car de plus en plus de recherches mettent en évidence les effets négatifs des événements liés au changement climatique sur la stabilité des prix.
En collaboration avec le RĂ©seau des banques centrales et superviseurs pour le verdissement du système financier, la BCE a reconnu la nĂ©cessitĂ© de prendre en compte le changement climatique dans ses opĂ©rations. Elle justifie cette prise en compte par la menace que le changement climatique fait peser sur son objectif principal de stabilitĂ© des prix. Les membres du Conseil des gouverneurs ont Ă©galement dĂ©clarĂ© qu'il s'agit simplement du devoir fiduciaire de la BCE d'agir sur les risques financiers que le changement climatique fait peser sur son bilan.Â
Ă€ l'issue de la grande rĂ©vision de sa stratĂ©gie en juillet 2021, la BCE a publiĂ© une feuille de route avec des actions qu'elle prĂ©voit de mener sur le changement climatique au cours des prochaines annĂ©es. Il s'agit notamment d'accĂ©lĂ©rer le travail sur de nouveaux modèles d'analyse des effets du changement climatique sur l'Ă©conomie, de dĂ©velopper des indicateurs qui mesurent l'exposition des institutions financières aux risques climatiques, de mener des tests de rĂ©sistance climatique pour le propre bilan de la BCE, de pousser Ă une plus grande divulgation des risques climatiques au sein du marchĂ© financier et de rechercher des options pour inclure les risques climatiques dans le programme d'achat du secteur privĂ© (CSPP) de la BCE ainsi que dans sa politique de collatĂ©raux. En rĂ©sumĂ©, une grande partie des mesures envisagĂ©es vise Ă obtenir davantage de connaissances et de donnĂ©es, Ă encourager la transparence et Ă rĂ©duire les risques.Â
L'accueil de la feuille de route de la BCE sur le climat a Ă©tĂ© mitigĂ©. Du cĂ´tĂ© positif, ceux qui Ă©taient sceptiques quant aux ambitions vertes de la BCE ont saluĂ© le fait que la BCE se concentre simplement sur plus de donnĂ©es et plus de transparence. Les partisans d'une Ă©cologisation plus complète et rapide de la politique monĂ©taire ont au moins attribuĂ© Ă la BCE le mĂ©rite d'avoir Ă©tĂ© claire sur la direction Ă prendre. Du cĂ´tĂ© nĂ©gatif, certains commentateurs craignent que les mesures de la BCE sur le changement climatique constituent une pente glissante pour l'action dans d'autres domaines politiques qui ne sont qu'indirectement liĂ©s au mandat de la BCE. Pour d'autres, la feuille de route sur le climat n'est pas assez ambitieuse. Selon ces derniers, elle reprĂ©sente une approche trop attentiste, ignorant l'urgence d'agir sur le changement climatique ainsi que la faisabilitĂ© technique de le faire dès-Ă -prĂ©sent. Par exemple, les changements prĂ©vus au CSPP devraient intervenir bien avant 2023 et devraient s'appliquer Ă©galement aux autres programmes d'achat d'actifs. En outre, la manière dont les risques climatiques seront intĂ©grĂ©s dans le cadre des garanties devrait ĂŞtre prĂ©cisĂ©e.Â
Dans les prochaines annĂ©es, nous verrons probablement beaucoup plus de recherches et de donnĂ©es sur le lien entre le changement climatique, la stabilitĂ© des prix et la stabilitĂ© financière. Cela enrichira certainement le dĂ©bat sur la politique monĂ©taire verte. NĂ©anmoins, on peut douter que beaucoup plus de donnĂ©es soient nĂ©cessaires pour commencer Ă agir dès maintenant sur la menace que le changement climatique reprĂ©sente. Par consĂ©quent, Ă l'avenir, le dĂ©bat sur la politique monĂ©taire verte sera probablement centrĂ© sur la question de savoir si la BCE en fait assez et assez vite.Â
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