Manuel du débutant
Qu'est-ce que la Banque centrale européenne?
Que fait aujourd’hui la Banque centrale européenne pour l’économie ?
Aujourd’hui, la Banque centrale européenne fournit d’importantes liquidités au système financier et contraint les banques à octroyer des prêts à des taux d’intérêt très bas, afin de s’assurer qu’elles continuent de prêter des fonds aux entreprises et aux particuliers.
La crise financière mondiale de 2008 et la crise liée à la pandémie de Covid-19 ont forcé les banques centrales du monde entier à intervenir de manière inédite.
Alors que l’économie tombait en récession à la suite des mesures de confinement prises par les gouvernements, la BCE a tenté à plusieurs reprises de soutenir davantage l’économie en abaissant les taux d’intérêt que les banques paient pour emprunter ou déposer de l’argent auprès d’elle. En 2014, la BCE avait également introduit une mesure sans précédent, consistant à faire passer les taux d’intérêt en dessous de zéro. Aujourd’hui, les taux d’intérêts sont négatifs (-0,5 %).
Les effets de cette politique sont ambivalents. D’un côté, cela signifie que les banques peuvent percevoir une rémunération en empruntant de l’argent à la BCE. De l’autre, ces taux d’intérêt négatifs s’appliquent également à l’argent que les banques déposent à la BCE (les fameuses « réserves »). Les banques ne tirent donc profit des taux d’intérêt négatifs que si elles empruntent plus d’argent que le montant qu’elles déposent à la BCE. Il existe également un risque que les banques appliquent un taux d’intérêt négatif à l’épargne de leurs clients, bien que cette pratique ne soit pour l’instant pas commune.
Depuis 2015, la Banque centrale européenne a également introduit des mesures dites d’« assouplissement quantitatif ». Ce terme peut prêter à confusion mais il signifie que la BCE achète directement des actifs financiers (tels que des obligations d’État ou d’entreprises) sur les marchés financiers, au lieu de simplement prêter de l’argent aux banques. Le but est d’inciter les investisseurs financiers à accorder davantage de prêts pour des projets plus risqués, car les actifs à faible risque deviennent financièrement peu attrayants. Dans la pratique, toutefois, certains affirment que l’assouplissement quantitatif a entraîné une augmentation des inégalités en faisant grimper le prix des actifs, et qu’il n’a pas permis de relancer l’économie réelle.
La crise de la Covid-19 a justifié l’adoption de nouvelles mesures exceptionnelles par la BCE. Aujourd’hui, la BCE a prêté environ 1 800 milliards d’euros aux banques à un taux d’intérêt négatif, et détient environ 3 000 milliards d’euros d’obligations d’États émises par des pays de l’UE.
De façon très controversée, la BCE a également acheté environ 600 milliards d’euros d’obligations à des banques et entreprises privées. La BCE prétend ainsi respecter le principe de la « neutralité de marché », c’est-à-dire qu’elle achète des obligations à des entreprises au prorata de la part d’obligations que représentent ces entreprises sur le marché. Plusieurs ONG ont toutefois reproché à la BCE de soutenir des entreprises polluantes en achetant ces obligations.
Enfin, l’efficacité de la politique monétaire de la BCE est également remise en question. La politique de la BCE a certes permis aux banques de maintenir l’économie à flot, mais l’inflation est restée trop faible ces vingt dernières années. Nombreux sont ceux qui se demandent si la BCE dispose des outils appropriés pour soutenir l’économie, et qui estiment que les gouvernements devraient prendre les devants en augmentant leurs dépenses publiques, ce qui aiderait à relancer l’économie réelle.